J’écris, avec dans mes air pods, la chanson de Ben Mazué (vous allez vite découvrir ma passion pour ces chansons, ces mots, son écriture.) « Cette Guerre« .
Elle dit « j’espère que tu vas la gagner cette guerre, celle dont tu parles à personne » !
Elle résonne si fort car depuis bientôt 5 ans, avec Damien, on se bat, on lutte dans une guerre impalpable et pourtant omniprésente dans notre quotidien : celle de la PMA.
Nous sommes un couple de plus de trente ans, mariés et sans enfants, alors on nous questionne souvent maladroitement.
« Alors les mariés, à quand les enfants depuis le temps? » ou encore « Avoir des enfants c’est un projet?« . Ces questions nous transpercent le coeur. S’ils pouvaient lire dans nos yeux à ces moments-là, ils liraient « si vous saviez toutes les batailles que l’on mène pour avoir notre enfant dans les bras. »
Je parle d’une guerre, de combats, de batailles.. ce sont des mots forts. Ce sont des mots à la hauteur de notre ressenti.
Chaque étape de ce parcours nous demande de l’engagement (mental et physique), de la force pour accueillir chaque bonne et mauvaise nouvelle, du courage pour se relever après chaque nouvel échec, de la détermination pour ne pas abandonner notre rêve d’être parents. On est bien loin du conte de princesses, ou tout simplement de nos schémas familiaux dans lesquels nous avons grandit tous les deux.
Car oui, notre désir d’enfant ne résonne désormais plus comme un simple acte d’amour, il est le fruit d’un « parcours » comprenant des rencontres de spécialistes, des examens médicaux, des étapes, des protocoles…
Il a commencé par un deuil, celui d’avoir un bébé de manière naturelle. Nous avons fait le choix d’en informer rapidement nos proches et nos familles.
Pourquoi ne pas l’avoir gardé pour nous ? Nous avions envie que ça ne soit pas un sujet tabou, et surtout envie de limiter ces questions maladroites. Cette étape a l’air simple sur le papier, mais elle a été bouleversante. Elle nous a renvoyé à cette infertilité, une injustice que beaucoup de personnes ressentent dans ce parcours. (J’y reviendrais dans un prochain article)
La guerre commencée, les premières batailles arrivent. Elles sont médicales, émotionnelles, et encore corporelles.
Pourtant imperceptibles, car nous sommes un couple joyeux, amoureux et soudés. Il est rare que nous affichions notre détresse au grand jour.
Nous traversons pourtant des périodes de désillusions, de larmes, d’impatience, d’attente… dans l’espoir d’agrandir notre famille. Autour de nous fleurissent les annonces de grossesse et les familles s’agrandissent. Notre réalité nous rappelle à chaque instant, notre douleur, ce poids que nous portons ensemble.
Au tout début du parcours, je n’aurais jamais imaginé écrire ces mots, cinq après. Je n’aurais pas imaginé à quel point nos projections familiales seraient bouleversées et que notre chemin serait médicalisé, compté, diagnostiqué, détaillé, décortiqué, questionné, testé…
Nous sommes conscients que nous ne sommes pas seuls, alors j’ai envie d’écrire ici pour tenter de mieux traverser ce chemin, qui est peut-être aussi le vôtre, le tien ?
